Pénombre, la vie publique du nombre

Y’a pas de quoi rire !

Pêché dans la revue Psychologies de décembre 2002 : « On rit de moins en moins : dix-huit minutes en 1939, six en l’an 2000 par jour ! »

Bien sûr, on peut se demander qui établit ce genre de statistiques et selon quels critères, c’est-à-dire, s’interroger sur la démarche scientifique qui aboutit à de tels résultats. Mais soit, acceptons-les sans réserve, car ils continuent, au delà de leur validité, de nous interroger. De deux choses l’une : ou bien nous sommes trois fois plus graves que nos aïeux, ou bien c’est la conjoncture (très à la mode, ce mot, n’est-ce pas ?) actuelle qui l’est trois fois plus que celle de 1939.

Si la première solution est exacte, force est de reconnaître que l’insouciance - toute relative, car peut-être qu’en 1914 on riait 54 minutes par jour - de nos ancêtres ne leur a pas été favorable et qu’ils auraient mieux fait de rire un peu moins… Par contre, si c’est la deuxième solution qui est exacte, alors nous devons nous attendre à un cataclysme !

Finalement, ce n’est pas ce genre de statistique qui peut nous faire retrouver le sourire. Non, vraiment : y’a pas de quoi rire !

François-René Favier

 
Pénombre, Avril 2003