Et si la clef de compréhension du mouvement se trouvait dans les entrailles du moteur de recherche le plus utilisé par les Français ? La Croix le pense, en partageant le 13 novembre une carte interactive précédée d’un imposant « EXCLUSIF ». Les journalistes ont travaillé avec des données de Google pour en savoir plus sur les termes les plus souvent associés à l’expression « gilets jaunes » dans les requêtes des internautes français ainsi que sur la localisation de ces mêmes recherches. Il faut déjà noter que les données produites par Google ne sont pas brutes, mais relatives ; le chiffre brut relève du secret des affaires ! Les comparaisons ne peuvent donc être elles aussi que relatives, en comparant un terme à un autre, ou une date à une autre. Ce que ne manque pas de faire La Croix, dans une version cartographique du « doigt mouillé », où l’on compare – sûrement en fermant un œil, puis l’autre – des « zones » géographiques (électorales, économiques ou historiques) avec les « zones » colorées par les recherches Google.
La carte interactive produit son effet : les cercles clignotent en tout point du territoire, s’amplifient au gré des mobilisations. Selon la légende, la carte présente « l’intensité de la recherche par ville ». Pour un mouvement que l’on décrit notamment comme celui du péri-urbain, on peut se demander comment sont comptées les recherches des Français n’habitant pas dans les villes affichées. Sont-elles agglomérées à la ville la plus proche ? Sont-elles laissées de côté – une négligence qui vaudrait une revendication de plus aux « Gilets jaunes » ? Et comment lire une recherche du terme « gilets jaunes » sur Google ? Sont-elles faites par des internautes cherchant à rejoindre la mobilisation la plus proche ? À éviter les blocages prévus sur sa route ? Par des citoyens cherchant à comprendre le mouvement ? On peut déjà noter que les député·e·s ne sont pas concerné·e·s par cette carte : depuis la fin du mois d’octobre, c’est Qwant, un autre moteur de recherche, qui est proposé par défaut aux représentants nationaux.
Les journalistes notent que l’intérêt – sur Google – pour le mouvement commence dans des villes comme Brest, Nancy ou Metz. À combien d’internautes correspondent ces recherches effectuées entre les 11 et 13 novembre ? Secret des affaires on vous a dit. Faut-il un seul internaute à Nancy qui tape « gilet jaune » pour que sa ville clignote ? Autant de questions qui n’empêchent pas des interprétations. Surtout que l’avantage d’une mobilisation aux revendications et origines hétéroclites est que tout indicateur montrant des résultats variés devient représentatif. Ainsi les journalistes notent qu’« électoralement, les régions très actives dans la recherche d’informations sur les “Gilets jaunes” sont hétérogènes, à l’image des revendications du mouvement ». Facile, on vous a dit !