Face à un mouvement aussi inattendu que complexe à cerner, médias et chercheurs ont rivalisé d’enquêtes et sondages pour comprendre les « Gilets jaunes ». L’analyse des chercheurs ne peut plus souffrir l’attente et pour participer aux débats qui sont de plus en plus instantanés, il faut envoyer les premiers résultats au plus tôt, fussent-ils incomplets. Ainsi, Le Monde publiait le 12 décembre les premiers résultats d’une enquête analysant les réponses de 166 « Gilets jaunes » interrogés sur les ronds-points, les péages ou lors de manifestations. Le 13 décembre, c’est La Croix qui extrapolait, à partir des recherches sur Google, l’intérêt des Français pour le mouvement social. Le 19 décembre, un collectif, Quantité critique, proposait de son côté dans l’Humanité une enquête, basée sur les réponses à 526 questionnaires, menée dans les groupes Facebook...
Échantillons réduits parce qu’il faut aller au plus vite, aucun souci de représentativité statistique : pourquoi s’en faire puisque les « Gilets jaunes » ne veulent pas être représentés ? Mais des pourcentages, des graphiques et des conclusions en veux-tu en voilà. Pour fêter la nouvelle année, Pénombre vous propose donc quelques réflexions plus ou moins sérieuses autour de ces nombres et enquêtes, réflexions fondées sur un échantillon réduit d’enquêtes, sans souci aucun de représentativité…
Cette Interlettre a été envoyée le 3 janvier 2019.