On dit qu’il y aurait 500 000 emplois à pourvoir, et que donc il serait inacceptable que des chômeurs refusent plus de deux emplois « acceptables ». Et cette mesure serait acceptable, puisqu’il y aurait moins de 1 % des chômeurs qui refusent plus de deux emplois « acceptables ». Mais comme il paraît acceptable que le nombre d’inscrits à l’ANPE en catégorie 1 soit considéré comme le nombre de chômeurs, et qu’aux dernières nouvelles ce serait moins de deux millions, ça fait moins de 20 000 emplois pourvus par cette nouvelle mesure. Inacceptable ! La solution est simple : rendre acceptable l’inacceptable.
P.-S. : à propos des emplois « acceptables », sur le blog de « Johnny Perchec, citoyen de Mèze (34140), adhérent UMP », je lis ceci : « par exemple, une personne résidant à Calais ne se verra sans doute pas reprocher de ne pas postuler à Marseille ». Sans doute, ça veut dire sans le moindre doute, ou avec un petit quand même ?
Françoise Dixmier
Pour en rajouter une louche, qu’est ce qu’un « emploi non pourvu » qui ne trouve pas de candidat ? Est-ce un emploi qui demande une qualification impensable, comme, par exemple, « astronaute bilingue tagalog/français avec cinq ans d’expérience » ? Ou est-ce tout bêtement un emploi qui n’est pas assez payé ? Car les salariés sont tellement vénaux qu’il est probable qu’ils refusent un emploi correspondant à leur qualification si le salaire ne leur convient pas. Une solution pour « pourvoir » de manière certaine l’emploi serait alors d’augmenter la rémunération de manière à la rendre attractive... C’est vrai qu’alors, il y aurait sans doute des démissions de la part de salariés en poste ailleurs, créant alors d’autres emplois non pourvus. Et, horreur, on aurait de l’inflation salariale, c’est-à-dire une augmentation des salaires généralisée, probablement créatrice de hausse des prix, ou de déplacement d’achats - les gens une fois mieux payés acceptant alors peut-être d’acheter des jouets en bois du Jura, très chers, au lieu de peluches en plomb chinoises - mais nous nous égarons.
500 000 emplois non pourvus. C’est quand même un peu plus de 3 % de l’emploi salarié en France. Il y en a certainement une partie « de transition » (un poste est créé, ou un salarié est parti, et son remplaçant n’est pas encore nommé) et là, il faudrait avoir un peu plus de chiffres. Il y a combien d’embauches en France chaque année ?
Cela dit, j’ai lu de ci (Le Monde) de là (Actuchômage), des informations ou des questionnements sur ces 500 000 « emplois à pourvoir ». Qui, par parenthèse, rejoignent le concept d’« emploi acceptable » : grande discussion semble-t-il, depuis longtemps, entre partenaires sociaux. Mais notons, pour rire, que la Commission européenne sur le sujet précise (enfin, il faudrait confirmer avec un spécialiste que je suis allé voir la bonne page mais quand même) qu’un travail est acceptable lorsqu’il est 1/ compatible avec la formation du salarié, 2/ à une distance du domicile qui n’est pas « un incon¬vénient majeur », et 3/ rémunéré... au minimum légal. Un joli coup à trois bandes.
Nic de Mars
Ndlr : le projet s’est précisé depuis ces premières réactions. Il semble qu’un emploi soit acceptable du moment que le salaire n’est pas inférieur à 30 % du salaire précédent.