Le jargon des conjoncturistes (personnages chargés de commenter au jour le jour la situation de l’économie) se complait à user d’un vocabulaire imagé, parfois pittoresque (« le bâtiment s’écroule », « le textile s’effiloche »…), mais dans lequel on a du mal à se retrouver. L’exemple rencontré dans Les Échos du 11-9-2002 nous laisse perplexe :
« La crise a accéléré le ralentissement » : diable, va-t-on de plus en plus vite ou de plus en plus lentement ?
« Dès septembre le moral des industriels … plonge et retrouve pendant plusieurs mois les basses eaux… » : c’est quand même dangereux de plonger par deux fois, puisqu’on les retrouve, dans de basses eaux.
« Le ralentissement de l’activité était beaucoup plus ancien et la France n’était plus, depuis plusieurs mois, dans la phase ascendante du cycle. La dégradation de la situation financière des entreprises a démarré dès le début de l’année et a atteint son apogée dans le courant de l’été » : l’apogée étant, que l’on sache, le point le plus haut, l’apogée de la dégradation atteint dans une phase qui n’est plus ascendante qu’est-ce donc ?
François Pradel de Lamaze, rêveur impénitent
Pénombre, Octobre 2002