LES GAZ À EFFET DE SERRE (GES) sont ceux qui, présents dans l’atmosphère, renvoient vers la terre une partie de son rayonnement thermique. D’où leur nom. On sait plus ou moins modéliser cet effet, dit forçage radiatif, gaz par gaz. On considère que celui-ci est proportionnel à la quantité de ce gaz présente dans l’atmosphère, et que les effets sont linéaires pour un mélange de gaz (pas d’interactions des effets des réponses des différents gaz). Les GES ne sont pas stables : ils se dégradent progressivement dans l’atmosphère, en général de manière complexe, et parfois très lentement. Pour comprendre l’effet cumulé d’un gaz à un certain horizon temporel, on intègre le forçage radiatif dû à une émission unitaire de gaz à l’instant 0, sur la période considérée, ce qui donne un pouvoir de réchauffement absolu.
Afin de comparer les effets de différentes politiques de réduction d’un gaz ou d’un autre, on travaille en pouvoir de réchauffement relatif, appellé pouvoir de réchauf¬fement global (PRG, GWP en anglais) : on rapporte le pouvoir de réchauffement d’une masse unitaire du gaz étudié à celui d’une masse unitaire de CO2 pendant la même durée. Cela permet aussi de monnayer les émis¬sions de différents gaz par référence à une valeur du CO2. Le choix de la durée dépend de l’horizon auquel on travaille. Le GIEC donne des valeurs sur 20, 100 et 500 ans. Du point de vue de l’usage des nombres dans le débat public, il y a au moins deux points sensibles :
1) Progressivement, on n’a plus parlé que d’intégrales sur 100 ans. On dit que le méthane, par exemple, est 21 (Kyoto) ou 23 ou 25 fois plus nocif que le CO2. À 20 ans, le facteur est 62 (ou 72 selon les sources). Selon l’horizon des politiques que l’on veut mettre en place, l’écart est sensible. Or, les politiques restent en général construites à partir de la valeur 21, choisie à Kyoto, et surtout en étant silencieuses sur l’horizon choisi.
2) On raisonne sur des « réponses impulsionnelles », c’est-à-dire sur le résultat de l’envoi d’une bouffée de gaz au temps 0. Si on veut comparer des politiques de création ou d’élimination permanente de sources, on doit faire une autre intégrale sur la période considérée (techniquement, c’est une « convolution »). Un article récent de La Recherche a ainsi montré que si on supprime définitivement une source de méthane, l’effet cumulé sur cent ans était 39 fois supérieur à celui de l’élimination d’un rejet égal de CO2, soit près de 2 fois la valeur adoptée à Kyoto. Les auteurs en concluent qu’il faut prêter plus d’attention aux politiques de réduction des émissions de méthane (décharges, agriculture, etc.).
Gérard Thomas