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On a retrouvé l’or des Incas

Les médias indisquent que Gilles de Robien, ministre de l’Éducation nationale, souhaitait imposer dix minutes de calcul mental tous les jours en primaire dès la rentrée 2006. Le calcul mental, selon le ministre, « c’est à la fois capital pour l’agilité intellectuelle, et important pour la vie pratique » (conférence de presse sur le Socle commun, 10 mai 2006). Pénombre ne peut que se réjouir : bien des erreurs relevées au fil des jours dans les médias suggèrent un manque de pratique du calcul mental (en plus d’un manque d’attention).

Deux exemples révélateurs :

Dans le « Portrait d’un dictateur » publié par Libération au lendemain de la mort d’Augusto Pinochet, on peut lire : « La justice chilienne a enquêté dans le même temps sur la découverte à l’étranger de différents comptes bancaires dont Pinochet est le titulaire et sur lesquels se trouvent plusieurs millions de dollars. Selon la presse chilienne, plusieurs milliers de tonnes d’or seraient conservées à son nom dans une banque asiatique ». L’information surprend par l’ampleur du chiffre : la production mondiale de 2001 s’est élevée à 2 600 tonnes, soit le plus haut niveau enregistré au cours des 165 dernières années, et les banques centrales (y compris le FMI) possèderaient, au total, une trentaine de milliers de tonnes d’or !
En fait, la presse chilienne (El Mercurio et La Nacion) avait évoqué quelque 9 à 10 tonnes (valeur : 160 millions de dollars) que l’ancien dictateur aurait déposées dans des banques asiatiques. Plus précisément, 9 620 lingots d’or, selon le Comité pour l’annulation de la dette du tiers monde. Plusieurs milliers de lingots = plusieurs milliers de tonnes ? Ce qui ferait passer le prix du lingot de 17 000 dollars à quelques dollars seulement…

Deuxième exemple, encore dans Libération (édition du 15 janvier 2006) ; on y lit, dans un article intitulé « Des boulots qui veulent notre peau » : « si vous craignez pour votre peau, évitez le royaume des métiers à risques, dont le BTP occupe officiellement la première place incontestée depuis que la Sécu existe. Ce secteur cause 54,6 accidents pour mille heures travaillées, selon les chiffres du Conservatoire national des arts et métiers (CNAM) ». Outre que CNAM signifie ici Caisse nationale d’assurance maladie, un simple calcul suggère déjà qu’un salarié faisant ses 35 heures hebdomadaires dans le BTP subirait quelque 88 accidents dans une seule année, soit un tous les trois jours ! La consultation des statistiques de la CNAM permet d’actualiser les données (55,29 en 2005) et la référence (le million d’heures travaillées).

Daniel Cote-Colisson