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On s’y emploie

Dans la Lettre blanche n°18, vous reprochez au Monde d’avoir écrit : "le travail précaire est le moteur de la hausse de l’emploi", et à la fin du paragraphe vous écrivez : "qui n’est en rien la cause de l’accroissement". Il me semble que ce point peut se discuter : les responsables du patronat prétendent depuis des années que c’est la difficulté pour licencier qui décourage les entrepreneurs de recruter. C’est évidemment discutable comme le montre l’exemple de Gattaz qui avait imprudemment fixé le nombre d’emplois qui seraient créés après la levée de l’interdiction de licenciement, mais c’est "discutable".

Ensuite vous critiquez le Parisien pour l’affirmation : "on gagne 23% de plus à Paris qu’en province". Certes vous avez raison de dire que la nature des emplois n’est pas homogène et que ceux de la région parisienne sont mieux rémunérés parce qu’ils sont différents. Oui, mais il reste que dans son ensemble, la population de l’Île-de-France gagne 23% de plus que le reste de la population (ne serait-ce que parce que les patrons "gagnent" généralement plus que les ouvriers). Quant à l’incidence des impôts progressifs sur le revenu des mieux payés, elle va de soi mais n’est pas en contradiction avec le verbe "gagner". Quand je demande à quelqu’un combien il gagne, je ne m’attends pas à ce qu’il m’indique son revenu réellement disponible. Et même, la plupart du temps, il m’indiquera son salaire brut et non ce que lui verse effectivement son employeur.

Continuez, et tâchez de nous trouver d’autres historiettes du genre de celle des économistes et des statisticiens en route pour un congrès. Je suis resté plusieurs semaines incapable de la raconter pour cause de fou-rire prématuré. C’est le genre de chose qui éveille ma gratitude !

Jean-Claude Maroselli

 
Pénombre, Octobre 1999