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Pénombre au grand jour

 

Le nombre, vampire de l’information ou reflet de nos inquiétudes ?

Le nombre serait animal, il pourrait entrer dans la catégorie des parasites : il vit et prospère grâce à une autre espèce, l’information, qu’il affaiblit et protège en même temps. Parasite, vampire, faux, dangereux : le nombre ne mérite-t-il que l’opprobre ? « Cave Numerum », ou meilleur ami de l’homme ? Sans lui, pas de débat public. Sans lui, pas d’alertes. Sans lui, pas de vulgarisation. Sans lui, pas de diffusion. Et donc, grâce à lui, les grands débats qui sont au cœur de notre citoyenneté actuelle ont pu être formalisés, être partagés et finalement avancer.

Pourtant, alors que le nombre devrait enrichir le débat public, il devient souvent un puissant outil d’appauvrissement de ce débat. Peut-être, tout simplement, parce que la crainte de la plupart des gens devant le nombre favorise son statut d’idole. Auquel cas, une action citoyenne de premier ordre serait d’aider à l’apprivoiser, cet animal. Indispensable, le nombre mérite surtout d’être mieux connu, mieux considéré et mieux approprié. Notre société devrait lui être reconnaissante, et il aurait déjà sa statue… si on savait quelle forme lui donner. Rapace mais gardant les yeux ouverts dans la nuit, il nous alerte et détruit tant de nuisibles : au fond, le nombre, c’est chouette.

(extrait de la Lettre grise n° ;11