Pénombre, la vie publique du nombre

Prendre du recul

Les contributions que j’ai lues [sur les sondages ndlr] émanaient toutes, sauf erreur de ma part, de gens très savants maîtrisant parfaitement théorie et technique des sondages. Je voudrais, très modestement vous communiquer l’opinion d’un patient, je veux dire d’un sondé. L’opération s’est déroulée en novembre 94, période de préparation de l’élection présidentielle d’avril 95. Si vous vous souvenez, deux questions agitaient le monde politique : Delors va-t-il se présenter ? et, qui lui opposer à droite : Chirac ou Balladur ?

Donc quand vers midi, ce jour, une dame fort avenante s’est présentée au nom de je ne sais plus quel institut de sondage, je pensais déjà savoir ce qu’elle allait me demander : deux réponses à donner et je pourrais retourner à mon repas. Quelle erreur ! La dame m’a présenté un fascicule 21/27 d’au moins 4 pages, chacune avec une question par ligne. Il y avait effectivement les questions auxquelles je m’attendais mais noyées au milieu d’autres plus ou moins saugrenues sur mon cosmétique préféré ou mon prochain achat important. Je vais tout avouer : si les réponses de la première page ont été réfléchies, les suivantes ont été de plus en plus rapides et encore, selon mon interrogatrice j’ai été un de ses patients les plus lents.

Que conclure ? Depuis, je regarde les résultats des sondages avec beaucoup de recul !

Jacques Barrault