Pénombre, la vie publique du nombre

Trop forts ces Chinois !

Le 17 mars l’Assemblée populaire chinoise a réélu le président Xi Jinping à l’unanimité de ses 2 970 membres présents. Une élection à 100 %, Wouaouh  ! Jusqu’à présent on était habitué à des scores dans certains «  pays démocratiques  » de 99 % ou de 99,99 % et on s’en gaussait, mais jamais de 100 % !

Je ne suis pas arrivé à savoir combien cette assemblée compte de membres. Je lis ça et là : «  Près de 3 000  ». En fait, ça varie, à cause des décès, des démissions et des radiations. Cela étant, quand on regardait les images de cet immense aréopage à la télé, on avait l’impression qu’il ne manquait personne. C’était comme un défilé militaire parfaitement réglé, mais en costumes-cravates. Dans les parlements des autres pays, même dans les séances les plus solennelles, il y a toujours quelques places vides : l’un ne s’est pas réveillé, une autre a raté son train, un troisième boude… Pas en Chine. Trop fort, là-aussi.

Pas d’abstention et 100 % pour Xi ! Vous me direz : les députés n’avaient peut-être pas le choix. OK. Mais est-ce qu’il n’y a pas de malhabiles ou d’étourdis en Chine ? Dans les autres pays, où les députés sont quelques dizaines ou quelques centaines, il arrive que l’un ou l’autre se trompe dans son vote. Cette possibilité est même une excuse toute trouvée pour le député pris à voter contre ce qu’attendaient ses mandants : «  J’ai appuyé par mégarde sur le mauvais bouton.  » 

En Chine, où les députés sont 3 000, aucun n’appuie sur le mauvais bouton. Chapeau  !

Alfred Dittgen