(*) Condoleeza Rice, 15 janvier 2007, après l’exécution des deux coaccusés de S. Hussein.
Décidément, l’élève irakien pose de gros problèmes au maître américain. Après avoir obtenu un « Bien » décerné par George W. Bush, rectifié après double correction en un « Passable » dans sa première séance de travaux pratiques de Démocratie, voilà qu’il obtient carrément un « Mauvais » de Condoleeza Rice pour sa deuxième séance. Il faut dire que l’un des deux condamnés exécutés le 15 janvier a eu la tête arrachée lors de la pendaison. Ça fait désordre ! Les données disponibles semblent indiquer que le bourreau a carrément fait l’impasse sur les données élémentaires du problème : une corde de 8 pieds (2,44 mètres) de long, pour un individu pesant 84 kilos (185 livres), c’est presque 50 % de plus que ce qu’indique le manuel du parfait bourreau (1,70 mètre). Source : Procedure for Military Executions, War Department Pamphlet 27-4, 9 décembre 1947, annule et remplace le WD Pamphlet 27-4 du 12 juin 1944, sous la signature de Dwight D. Eisenhower, chef d’état-major de l’armée.
À la décharge de l’élève irakien, il faut dire que le problème est assez technique puisqu’il faut optimiser le confort des assistants. Voyez plutôt. Si la corde est trop courte, on obtient la méthode dite de la « pendaison autrichienne » (ou encore pendaison haut et court) dans laquelle le condamné décède par strangulation dans un délai qui peut être assez long. À l’ancienne, en Autriche-Hongrie, le bourreau et ses aides se suspendaient aux pieds du condamné pour accélérer les choses. On a des attestations plus récentes de cette variante puisqu’on sait que l’un des dix exécutés du procès de Nuremberg, le 16 octobre 1946 a mis 14 minutes à mourir. Il faut dire que le bourreau officiel de l’armée étasunienne avait attribué une longueur de corde uniforme de 6 pieds à chacun des condamnés (longueur adaptée à des poids de 77 kilos et plus). La rumeur attribuait l’usage de la méthode autrichienne aux bourreaux irakiens de l’époque de Saddam Hussein. Si la corde est trop longue, on n’est pas à l’abri du triste spectacle fourni par la deuxième exécution irakienne.
Où se renseigner ? Je n’ai pas trouvé la table des hauteurs de chute pratiquées par les bourreaux du Royaume-Uni. En revanche, on se procure aisément celle issue du manuel mentionné plus haut. On notera d’ailleurs que la table ne figurait pas dans l’édition précédente de 1944. Dans notre manuel, il est précisé que les valeurs fournies correspondent à une utilisation « standard » et qu’étant donné que la condition physique du condamné influe sur la hauteur de chute adaptée, il est souhaitable de se procurer un avis médical pour déterminer la longueur de corde pour une exécution « convenable » (proper execution). Note technique : la longueur de corde est fonction du poids par un polynôme de degré 2.
François Sermier
Ndrs : voir les précisions de Daniel Cote-Colisson