Une étude de l’Éducation nationale (Le Monde 25 février 2003) montre que les enfants nés en début d’année réussissent mieux à l’école primaire que ceux nés en fin d’année. Cela n’a rien d’étonnant, car à la rentrée de septembre il peut exister une différence d’une année entre les plus jeunes et les plus vieux, ce qui est considérable à cet âge. Une solution serait de faire plusieurs rentrées, par exemple, 4 rentrées échelonnées dans l’année selon le trimestre de naissance. On n’aurait alors qu’une différence maximale de 3 mois entre les plus jeunes et les plus vieux. Mais cela demanderait de multiplier les niveaux par 4, autrement dit, d’avoir 4 niveaux de CP, 4 niveaux de CE1, etc., ce qui supposerait que le cycle primaire comporte 20 niveaux, soit en principe au moins autant de classes par école, ce qui ne faciliterait pas la tâche déjà très complexe des instits à classe unique. Ce n’est pas la bonne solution. D’autant plus qu’il faudrait perpétuer ce système au collège, au lycée et jusqu’à l’université.
À l’université justement, l’enseignement par année présente aussi un inconvénient, celui pour un étudiant d’avoir à redoubler une année entière en cas d’échec. C’est pourquoi le système semestriel, pratiqué en Allemagne ou ailleurs, est plus satisfaisant. Il s’agit dans ces cas de semestres pour de vrai, c’est-à-dire qui coexistent en permanence, par exemple 4 semestres pour l’équivalent du Deug, dont les enseignements se déroulent sur deux années. Notons en passant que ce système est possible dans une université, où les effectifs par niveau sont sensiblement plus forts que dans une école. Possible mais coûteux, car il nécessite – sinon pour les travaux dirigés, du moins pour les cours magistraux - plus de locaux et d’enseignants.
L’université française a décidé de passer aux semestres. Mais comme elle n’a pas les moyens de les faire coexister simultanément, on s’est contenté de découper chaque année en deux semestres et de faire des examens de fin de semestre, autrement dit, de faire des semestres pour de rire.
Supposons donc un étudiant qui entre à l’université et loupe le premier semestre. Dans le système allemand, il peut recommencer ce semestre immédiatement. Dans le système français, il devrait attendre le début de l’année universitaire suivante. On le fait donc passer au deuxième semestre, à charge de rattraper le premier semestre à la session de septembre, qui comporte normalement des examens pour chacun des semestres - ce qui en pratique est impossible - avec le risque d’échouer à nouveau à ce premier semestre et… de passer au troisième. Je suis confronté depuis peu à ce système kafkaïen…
Un prof perplexe
Pénombre, Juillet 2003