Chaque année vers le mois de décembre, la radio annonce le chiffre des visiteurs étrangers ; cette année : 70 millions, si je me souviens bien. On proclame que notre pays reste la première destination touristique au monde, même si on glisse parfois un bémol en ajoutant qu’en termes de dépenses de ces touristes nous reculons en troisième ou quatrième rang.
Il semblerait que mon cas ne soit pas isolé car, cette année et pour la première fois, quelqu’un aurait évoqué cette impertinente question. Une réponse a été prudemment avancée : les touristes sont comptés à leur sortie du territoire ; on note chaque véhicule immatriculé à l’étranger qui passe la frontière. On admet à ce propos que B, NL, D, S, GB, CH, etc., qui ont transité vers l’Espagne et l’Italie sont comptés deux fois. Je n’ose même pas penser aux échanges transfrontaliers quotidiens. J’imagine les douaniers, pour qui j’éprouve le plus grand respect mais aussi la plus grande compassion, regardant passer les autos ; célibataire, un bâton ; couple, deux bâtons ; les moutards, un demi par tête apparente ; les chiens, les chats et autres bestioles ne comptent pas. Et les autocars alors ?
Mais, depuis plusieurs années j’ai traversé les frontières sans apercevoir âme qui vive derrière les vitres de la douane. Et encore moins depuis Schengen !
Que dire aussi des avions, des trains et des pèlerins qui vont à Saint Jacques de Compostelle, pedibus ?
Mon regret est sincère, croyez-le de terminer sur cette note négativo-interrogative. Ma consolation est de rester persuadé que ce sujet, capital pour l’avenir de notre pays, devrait faire le régal de tout pénombrien-statisticien un tant soit peu maso.
Jean-Louis Malherbe, retraité
Pénombre, Octobre 2002