Pénombre, la vie publique du nombre

Baby boom

Baby boom ! titre A nous P@ris !, le « news urbain diffusé dans le métro (parisien) » chaque lundi (semaine du 4 au 10 mars 2002). « Les femmes ne veulent plus choisir entre vie professionnelle et vie familiale. (…) La preuve : 52 % des femmes qui travaillent ont trois enfants ou plus, selon une étude réalisée par l’Insee en 2000 », écrit ce sympathique hebdo. Si seulement… doivent penser tous ceux qui sentent le niveau de leur retraite menacé par la faible natalité et le fort vieillissement.

Malheureusement, il fallait lire « 52 % des femmes qui ont trois enfants ou plus travaillent ». Faire trois enfants, c’est donc avoir plein d’énergie et donc même continuer de travailler… dans la moitié des cas. Mais avoir trois enfants n’est pas si fréquent… et donc le débat sur les retraites n’est pas réglé. Dommage !

Jan Airesse, hétérocliticien

 
ReNdlr : Les pourcentages sont parfois si mal maîtrisés qu’ils conduisent à l’inverse du propos qu’ils sont censés illustrer. Ainsi, dans un livre récent sur les Européens (Bénédicte Lapeyre, François, Peter, Maria, Hendrick et les autres, Albin Michel, 2002), l’auteur, pour montrer que les femmes sont davantage touchées par le chômage que les hommes, écrit : « Le taux de chômage des femmes dans l’Union est de 56 % (par rapport aux hommes) », ce qui voudrait dire que le taux des femmes ne représente que 56 % de celui des hommes, autrement dit, qu’il y aurait nettement moins de chômeurs chez les femmes que chez les hommes. Il aurait évidemment fallu écrire : « Parmi les chômeurs, il y a 56 % de femmes ».

 

 
« Ce fut jadis une maladie des Grecs que de se demander combien de rameurs avait Ulysse, si c’est l’Iliade ou l’Odyssée qui a été écrite en premier... ou d’autres niaiseries de cette espèce. »

Sénèque, « Sur la brièveté de la vie »

 
Pénombre, Juillet 2002