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Décalage

Juste un petit mot qui pourrait s’intituler "… mais persévérer est diabolique". À la page 5 de la dernière Lettre blanche, sous le titre "l’erreur est humaine" je lis "En matière de récidive sexuelle aggravée, entre 1,5% et 2,5% des condamnés pour attentat à la pudeur ont été arrêtés et jugés pour un viol dans les années suivantes" ; c’est moi qui souligne.

En effet, je trouve qu’il y a un contraste étonnant entre la précision du pourcentage et l’imprécision du complément de temps : s’agit-il de l’année, des cinq ans ou des vingt ans après la première condamnation ? En fin de compte, cette phrase n’a que l’apparence de la rigueur. Elle n’est guère plus convaincante que l’affirmation hâtive du journaliste de France-Inter !

Je suppose d’ailleurs qu’on pourrait "retourner" la statistique en découvrant que la plupart des auteurs de viols avaient été auparavant condamnés pour attentat à la pudeur.

Peut-être le sujet de la délinquance sexuelle est-il trop délicat pour être confié aux seuls statisticiens ? Il y a un tel décalage entre ce que nous ressentons et ce que les chiffres semblent vouloir nous prouver que, exceptionnellement et bien qu’adhérent de Pénombre, j’ai plus envie de me fier à mes sentiments qu’à des statistiques. Cordialement.

30 juin 1998

Eric Morvan
Professeur en math sup
au Lycée Bertran-de-Born de Périgueux

 
Pénombre, Décembre 1998