J.-R. B. : Cher téléspectateur, bonsoir. Merci Cognac-Jay de me passer la parole. Nos deux candidats ont accepté dans cette élection qui est extrêmement importante pour le peuple français, de venir à l’ORTF pour un débat à armes égales que, avec mon collègue, nous avons le grand honneur d’arbitrer. Donc à notre droite, Jan Robert Suesser, qui représente le Pommier Bleu, le nouveau parti que vous connaissez bien et qui vient de se créer, et Daniel Cote-Colisson, qui représente la Maison Rose (rires) qui est aussi de création récente. Merci d’avoir accepté ce débat. Je vous propose que nous commencions notre débat par les questions de l’emploi qui préoccupent particulièrement les Français. Mon collègue va se charger de surveiller les temps de parole très soigneusement puisque, vous le savez, vous disposez du même temps de parole, et que les coups sont interdits. Nos interlocuteurs n’ont pas d’armes, ils sont donc à armes égales. Monsieur Cote-Colisson, vous avez d’abord trois minutes pour convaincre, puis nous donnons la parole à Monsieur Jan Robert Suesser. Nous vous écoutons.
Les candidats : Finalement nous allons le faire en couleur, et on va se partager le temps...
J.-R. B. : En couleurs ! donc chers téléspectateurs vous commutez votre poste sur « couleur ».
« LE GRAND DÉBAT »
DCC : Réduire le chômage, voilà une vraie question.
JRS : Augmenter l’emploi, voilà la vraie question.
(DCC et JRS, en chœur) : Peut-on en débattre ?
JRS : On doit rester simple.
DCC : Je suis bien d’accord, on ne va pas commencer à embrouiller tout le monde avec trop de chiffres.
JRS : Alors, on a des mots...
DCC : ...et quelques chiffres.
(JRS et DCC se renvoient des mots) :
« baisser le temps de travail »
• « flexibilité »
« formation tout au long de la vie »
• « assouplir »
« aide à la création »
• « jours RTT »
« baisse des charges »
• « repousser la retraite »
« emploi jeunes »
• « PARE »
« discrimination »
• « femmes »
« aide aux emplois familiaux »
• « temps choisi »
« TVA restauration »
• « aide pérenne »
« prime pour l’emploi »
• « travail au black »
« et Decker »
• Et les chiffres ?
(JRS et DCC se renvoient des chiffres)
2 200 000
• corrigé des variations saisonnières ?
900 000
• en 5 ans
469 000, à jeun
• ou en voyant double !
1 600, à l’année
• 217 au forfait
130
• 180
37,5
• 40 années de labeur
5,5
• sur le cannabis ?
1,4 SMIC
• 1,8 SMIC
JRS : Ça, c’est de la musique.
DCC : De la vraie musique.
JRS : L’électeur est-il éclairé ?
DCC : Et l’électrice citée ?
JRS : Je vais la mettre au courant. Nous allons créer 900 000 emplois en 5 ans.
en aparté : « s’il me demande comment, je lui réponds qu’on l’a fait au cours des 5 dernières années, ça le cloue ! »
DCC : en aparté : « si je lui demande comment, je vais l’aider à passer son message ; je préfère tirer mon Scud ! »
À quel prix, subventions plein pot, des emplois non pérennes, trop cher, trop cher, trop cher... Nous, nous avons démontré que nos baisses de charges, c’est efficace, 469 000 emplois, je dis 469 000, entendez-bien, 469 000.
JRS : en aparté : « je devrais lui dire : comment baisser des charges déjà réduites à zéro, mais laissons-le avancer à découvert... »
DCC : en aparté : « s’il conteste, je lui réponds : " vos 35 heures imposées, vous y avez bien mis des baisses de charges ?", c’est de l’eau pour mon moulin... »
JRS : Ridicule, un chiffre gonflé à l’EPO, en fait, 200 000 au compteur, et surtout un sacré cadeau au grand patronat et rien pour les salariés.
DCC : en aparté : « je devrais lui rappeler que je vais baisser les impôts d’un tiers, mais il va répondre que ça ne profite qu’aux nantis et que, lui, il a créé la prime pour l’emploi... »
JRS : en aparté : « je ne vais pas insister, pour qu’il ne me renvoie pas la modération salariale avec les 35 heures... »
Les deux en même temps
DCC : Je maintiens que la baisse des charges, c’est la dynamique
JRS : Je redis mes 900 000, poursuivant la dynamique
DCC : en aparté : « si j’osais, je lui dirais : "et tu t’engages sur combien ferme ?", mais il va me le retourner. »
JRS : en aparté : « je ne peux pas lui demander ses engagements fermes alors que je ne vais pas m’engager moi-même ! »
JRS : Et la santé ?
DCC : Ça va.
JRS : Des mots, quelques chiffres.
JRS et DCC se renvoient des mots et des chiffres :
« hôpitaux »
• « infirmières »
« 20 euros »
• « drogues »
« dures »
• « douces »
« palmarès »
• « vieillissement »
« génériques »
• de fin .
JRS : Et la retraite ?
DCC : C’est vous qui allez la prendre !
JRS : Des mots, quelques chiffres...
JRS et DCC se renvoient des mots et des chiffres :
« 37 _ »
• « 40 »
« répartition »
• « capitalisation »
« retraite à la carte »
• « cessation progressive »
« allongement de l’espérance de vie »
• « équité inter-générations »
« fonds de pension »
• « à la française »
JRS : en aparté : « je ne peux pas expliquer que je n’ai rien fait, en raison des coups à prendre. »
DCC : en aparté : « pas la peine d’en parler, il sera toujours temps de prendre les coups quand je serai élu »
JRS : Des problèmes, il y en a.
DCC : Des solutions, il en faut.
JRS : Des chiffres, on en dispose, on peut faire des choix.
DCC : Mais qu’est-ce qu’on gagne à débattre et à s’engager ?
JRS et DCC observent (avec attention) un moment de silence.
JRS : Délinquance ?
DCC : Insécurité ?
De nouveau, JRS et DCC se renvoient des mots et des chiffres :
« sauvageons »
• « quartiers »
« voitures brûlées »
• « boîtes aux lettres »
« bruits »
• « odeurs »
« grave »
• « tournantes »
« origine »
• « ordonner »
« Police »
• « 22 ! »
JRS : Psychose d’abord !
DCC : Psy cause toujours !
(applaudissements)
J.-R. B. : Nous avons dépassé le temps qui nous était imparti, je sens que Guy Lux s’impatiente... Merci à tous les deux pour ce débat qui ne manquera pas d’intéresser beaucoup les Français, à vous Cognac-Jay.
(de retour à l’estrade)
J.-R. B. : Y a t-il eu un âge d’or du chiffre en politique ? Y a-t-il eu, y a-t-il aujourd’hui une bonne manière de traiter le chiffre en politique ?
Y a-t-il un prof de maths dans la salle ?
Madame, qu’est-ce qu’on peut faire ? Qu’est-ce qu’on a le droit de faire ?
Pénombre, spécial 10ans, Mars 2003