--

Lota, Loti, Lotu, Loto

Nous sommes nombreux à Pénombre à avoir été biberonnés à la mathématique du hasard ; ceux qui ont aussi étudié la langue française ont pu apprécier les aléas qu’elle recèle, en particulier dans l’orthographe et la conjugaison. Hasard des chiffres, hasard des lettres. Réjouissons-nous donc du lancement prochain du Loto du patrimoine, un jeu de hasard au bénéfice de 18 sites prioritaires retenus aujourd’hui par le ministère de la culture et qui figureront sur les billets de loterie à 15 euros à l’approche des Journées du patrimoine de septembre prochain.

Le hasard fait bien les choses, disait ma grand-mère. En l’espèce, le Loto du patrimoine n’y échappe pas puisque, parmi les bâtiments prioritaires, figure la maison de l’auteur de Pêcheur d’Islande, Pierre Loti, à Rochefort. Pierre Loti, Julien Viaud de son vrai nom, avait raté Polytechnique et s’était rabattu sur l’École navale, avant de s’engager dans une double carrière militaire et littéraire. Officier de marine, il est promu capitaine de vaisseau en 1906 et admis à faire valoir ses droits à la retraite en 1910, rempile en 1914 dans l’armée de terre avec le grade de colonel et est démobilisé en mai 1918 pour raisons de santé. Consécration de ses talents littéraires, il est élu à l’Académie Goncourt en 1888 et à l’Académie française en 1891, à 42 ans.

Et le hasard, dans tout ça, hormis de participer en septembre prochain à une loterie  ? Eh oui, le hasard des mots. Victorien Sardou avait reçu un courrier de Loti, adepte des contrepèteries, avec pour adresse «  Victorien Sardi à Marlou  », auquel Sardou répondit par une lettre commençant par : «  Mon cher Pierre Loto, Capitaine de Vessie  !  »

Qu’un Loti gagne au Loto  ? Avec un monument emblématique par région, en métropole et outre-mer, Loti aura-t-il plus de 5 % de chances au grattage  ? Les autres seront-ils bien lotis  ?

L’essentiel est de participer. 

Daniel Cote-Colisson