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Une petite enquête

Dans une dépêche AFP du 27 août, on découvre que selon un sondage IFOP pour le magazine Phosphore, " 55% des 15-25 ans sont favorables à la dépénalisation du cannabis, mais 56% pour l’interdiction de la vente du tabac avant 16 ans ". On lit plus loin que tout repose sur " un échantillon représentatif de 400 personnes ".

Le sondage interroge aussi les niveaux de consommation des jeunes : 25% déclarent avoir consommé du cannabis au cours de leur vie et " 1% seulement " de l’ecstasy. Il n’y a aucune information sur la méthode mise en œuvre pour ce sondage, mais il est probable qu’elle est inadaptée car ces chiffres se révèlent nettement inférieurs à ceux obtenus depuis quelques années dans des enquêtes spécifiquement conçues pour aborder des sujets sensibles. Même la taille de l’échantillon ne saurait expliquer des pourcentages aussi faibles.

Mais le pire est à venir : " Paradoxalement, la tranche d’âge la plus concernée, celle des 15-17 ans, est la plus favorable à l’interdiction de la vente du tabac avant 16 ans (58%) ". S’il y a 400 jeunes de 15 à 25 ans dans l’échantillon, il y en a à peine une centaine de 15 à 17 ans, et le commentaire porte sur... 2 points d’écart. Même si la méthodologie était éblouissante, un tel écart serait loin d’être significatif, d’autant que le pourcentage est proche de 50%.

Ces médiocres données ne sont peut-être pas les plus néfastes qu’on ait lues sur le sujet, mais elles contribuent à mettre en péril un travail de longue haleine mené en France depuis quelques années et qui consiste à essayer d’offrir aux décideurs politiques comme au grand public des informations plutôt fiables sur les usages de drogues. Il serait utile que les lecteurs de la presse soient prévenus que cette analyse n’a à peu près aucune valeur.

François Beck

 
Pénombre, Janvier 2002