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Editorial : Ce n’est qu’un début

" - Veilleur où en est la nuit ?
Le veilleur répond :
 - le matin vient, puis encore la nuit "

Isaïe, 21-12

 

Vous tenez en ce moment entre les mains, la Lettre blanche de Pénombre. Il y a aussi une Lettre grise, plus austère et moins périodique. Mais Pénombre c’est aussi des femmes et des hommes - 326 adhérents au dernier recensement - qui en rencontrent d’autres. Le temps d’une soirée (les Nocturnes) ils débattent, en partisans de la pensée multiple, des grandes questions de notre drôle d’époque (1) : « Déchiffrer les inégalités sociales (juin 1995), si l’immigration m’était comptée (octobre 1996), American Way of Justice (février 1998) » et bientôt « Les lycées sous les feux de l’évaluation ».

Pénombre ouvre aussi des chantiers au public, en fonction des opportunités, des centres d’intérêt et des compétences de ceux qui nous rejoignent.

A l’invitation de professeurs du Lycée Oehmichen de Châlons-en-Champagne, nous avons organisé une journée d’étude, fin 1997, dans cet établissement. La matinée avait été consacrée à un travail en petits groupes avec cent-vingt élèves de seconde, première et terminale sur des coupures de presse illustrant certains usages problématiques des nombres. L’après-midi, avait lieu un colloque portant sur le renouvellement des générations, la mesure du chômage et la violence des jeunes.

Le public était constitué d’enseignants et d’élèves de classes préparatoires aux grandes écoles. Tous les participants à cette première expérience du genre l’ont admis : Pénombre est parfaitement dans son rôle en développant ce type d’activité. Aussi le 6 mai, avons-nous tenu, à Paris, un séminaire d’évaluation de cette journée d’étude. L’idée avait été émise de trouver un lycée parisien qui pourrait être jumelé au Lycée Oehmichen en vue de l’organisation, à la rentrée, d’un « séminaire-action », au long cours. C’est chose faite, ce sera le lycée Jean Macé de Vitry-sur-Seine. Il sera question de transformer les productions de Pénombre en outils pédagogiques, testés en temps réel dans les classes, et, réciproquement, d’enrichir le travail de l’association par les apports des élèves et de leurs professeurs.

 
Mai, joli mois de mai

Le 9 février, une délégation rencontrait Thierry Watine, directeur des études et de la recherche à l’École supérieure de journalisme de Lille pour examiner s’il était possible de faire connaître notre activité aux élèves de l’ESJ et d’étudier le type de coopération qu’on pouvait envisager. La rencontre fut des plus chaleureuses. Différentes perspectives ont été ouvertes. Les préoccupations de l’unité de recherche dirigée par Th.Watine avaient certes tout pour nous plaire : « responsabilité sociale des médias et des journalistes, traitement journalistique de la complexité, la lisibilité de l’information, etc. » En lever de rideau, une conférence-débat a été organisée à Lille le 11 mai. Nous avons confié le soin à René Padieu de traiter, devant les élèves, des « enjeux actuels scientifiques, politiques, philosophiques et moraux d’une réflexion sur le nombre et ses usages sociaux… » Plusieurs membres de Pénombre participaient au débat.

A la suite d’une conférence que Pénombre a donnée, le 26 février au Centre de Chaligny (Direction de l’action sociale, de l’enfance et de la santé du département de Paris), une nouvelle attente est apparue. Des psychiatres, des administrateurs, des travailleurs sociaux dans le domaine de la santé mentale ont exprimé le souhait que Pénombre se préoccupe de la place du nombre dans les questions, de plus en plus pressantes, qui concernent l’évaluation de leurs pratiques. Une première réunion s’est tenue le 4 juin.

Mai 1998, un mois plein de promesses pour notre mouvement. Ce n’est qu’un début.
 

 

(1) Drôle d’époque est le nom d’une nouvelle revue semestrielle à la création de laquelle a participé l’un de nos adhérents, le professeur José Rosé de l’Université de Nancy. Elle projette pour son numéro de printemps un dossier intitulé « Pas de chrysanthèmes pour Mai 1968 » et pour l’automne un dossier sur « le nombre » auquel nous allons participer. « Drôle d’époque, revue critique, indépendante, plurielle donc. Revue qui ne prêche rien, ne promet rien, ouvre tout simplement un nouvel espace public disponible à celles et ceux qui demeurent rétifs à être’’conduits en troupeaux’’ (Spinoza) ». Nous vous en reparlerons. Drôle d’époque Forum de l’IFRAS, 201 Av. Raymond Pinchard, 54100 NANCY (Tél. 0383933690).

 
Pénombre, Juin 1998